Catherine MATHIEU

J‘entretiens depuis de nombreuses années une conversation silencieuse avec des matières, des signes, des pensées qui prennent forme entre mes mains.
Mon imagination est comme autant de rencontres, parfois très courtes, parfois plus longues.

Parmi ces rencontres il en est une essentielle et fondatrice, celle avec l’argile.

Depuis mon adolescence nous ne nous sommes presque jamais quittées.

C’était une argile ocre jaune suintant au bord d’un talus près d’une source sur un chemin aux alentours de la maison de mes parents en Normandie.
Nous habitions près de Martincamps aux abords de ce que l’on appelle la Boutonnière du Pays de Bray.
Avec cette argile j’ai fait mes premiers pas en forme de petits pots.

C’était merveilleux de la tendre entre mes doigts et de faire exister quelque chose.

Depuis ce temps nous avons fait route ensemble, moi, fidèle, indisciplinée, fantaisiste lui faisant prendre des formes ou des contraintes imprévues, elle, patiente, silencieuse, soumise, m’attendant au tournant avec un petit sourire pour me renvoyer de temps en temps à la case départ.

J’ai créé mon premier atelier en compagnie d’un couple d’amis au sortir de l’école des Beaux Arts de
Rouen en 1970.
Frais moulus que nous étions autant dire que nous avons appris le métier sur le tas partageant nos
découvertes et nos déconvenues.

Je remercie mes professeurs, Bernadette Lhôte aux Beaux Arts d’Amiens, Monsieur Mauger aux Beaux arts de Rouen, de m’avoir ouvert la route.

Catherine Mathieu